TOP 5 - Les Films sur l'Art Oratoire
L’art oratoire et le cinéma sont 2 éléments extrêmement proches.
Ils sont aussi 2 arts que l’on apprécie particulièrement chez Aguere.
Et parfois, dans un moment de grâce ultime, ils parviennent à se rejoindre pour faire un tout.
Ainsi il existe de nombreux films traitant du sujets qui nous anime.
Dans ces 5 films, l’éloquence et la rhétorique sont au centre du scénario et ne sont pas que des accesoires.
Ils ne sont pas classés par préférence et je sais qu’il en manque sans doute certains donc n’hésitez pas à les indiquer en commentaire !
The Great Debaters
L’Histoire
Ce film de 2007 de et avec Denzel Washington revient sur la formidable épopée du club de débat du Wiley College, un lycée pour Afro Américain au Texas.
On y suit un groupe de 3 élèves, menés par leur enseignant, le poète Melvin B. Tolson
Malgré les difficultés de l’époque, ce professeur engagé dans la création des syndicats et la défense des droits des Afro-Américains va permettre à ces jeunes de montrer leurs valeurs dans une série de concours de débats entre écoles, jusqu’à obtenir la victoire face à la prestigieuse université d’Harvard.
L’Intérêt ?
Au-delà de la question des droits des afro-américains, je conseille vivement ce film pour les valeurs qu’il transmet :
- L’importance de l’éducation
- La force de l’engagement
- La puissance de la culture
De plus le film nous montre plusieurs débats intéressants entre les différents collèges et l’observation est essentielle dans l’apprentissage de la rhétorique.
Un très bon film donc pour ouvrir ce top.
Le Brio
L’Histoire
Sorti en 2017, ce film rassemble Camélia Jordana et le brillant Daniel Auteuil.
La première y incarne une étudiante en première année à Assas confrontée dès son premier jour à un professeur accusé de racisme pour ses provocations, joué par Daniel Auteuil.
Pour faire face à ces accusations qui éclaboussent l’université déjà entachée par sa réputation, le professeur est contraint de préparer son étudiante à un prestigieux concours d’éloquence.
Au cours de leurs échanges parfois tendus, parfois drôles, parfois conflictuels, les 2 personnages vont se rapprocher et grandir mutuellement de cette relation.
L’Intérêt ?
Nombre de rhéteurs et orateurs reprocheront la présence de ce film dans ce classement.
En effet ce film présente de nombreux défauts parmi lesquelles la vision d’un monde des concours d’éloquence élitistes, fermé dans un entre-soi et n’acceptant pas les candidats venus de l’extérieur.
Et ils auraient raison de critiquer cette image caricaturale qui ne se fonde sur aucune base valable et démontre un profond manque de recherche de la part du scénariste et réalisateur Yvan Attal.
Il est pourtant présent dans cette liste car il permet d’évoquer avec plus de légèreté la question du travail de la forme comme dans la fameuse scène du métro où Auteuil nous donne une leçon de lecture sur le Jules César de Shakespeare.
Et surtout, il met l’accent sur l’importance du travail de la dialectique à travers l’étude de l’œuvre de Schopenhauer, l’Art d’avoir toujours raison.
Ainsi la sortie du film sera accompagnée de la publication d’un livre d’une grande qualité : Avoir raison avec Schopenhauer, de Guillaume Prigent, qui reprend et explique l’œuvre originale.
Comme quoi, à toute chose malheur est bon.
A Voix Haute
L’Histoire
Ce film d’abord diffusé sur France 2 en 2016 est ressorti sur les grands écrans dans une version longue en 2017 en raison de son succès.
On y suit pendant 6 semaines des étudiants de Seine Saint Denis participant au concours d’art oratoire Eloquentia qui se déroule chaque année à l’université Paris VIII.
La première partie de ce film nous présente l’action de Bertrand Périer, grand avocat dont je vous ai déjà parlé, et du slameur Loubaki, qui accompagnent un groupe de jeunes dans la préparation de ce concours.
Puis on suit, épreuve après épreuve, le déroulé du concours jusqu’à la victoire de Eddy Moniot, depuis devenu comédien.
L’Intérêt
Tout d’abord ce film met les projecteurs sur ce que sont réellement les concours d’éloquence : l’opportunité pour des jeunes
- de prendre la parole
- de se dépasser
- d’exploiter du mieux que possibles les beautés de notre langue pour défendre une cause.
L’autre intérêt de ce documentaire, ce sont les interludes qui suivent les participants dans leur vie, qui s’intéressent aux parcours de chacun et nous font comprendre que l’origine sociale seule ne définit pas notre capacité à parler.
Ce sont le travail, l’acharnement et la volonté qui forgent notre capacité à parler et à nous imposer.
D’ailleurs l’un de ces moments en particulier est magnifique et constitue le plus beau conseil de ce film.
Lorsque le père d’Eddy Moniot parle de sa connaissance des mots, il lui explique que c’est le dictionnaire qui en est à l’origine. Qu’il faut être capable de prendre un dictionnaire pour chercher un mot afin d’en caresser d’autres.
On ressent alors tout le côté charnel de sa relation aux mots.
Cette phrase et ce besoin d’avoir un dictionnaire je l’enseigne à tous mes élèves car elle est au cœur de la connaissance du français et donc de la capacité à se faire comprendre.
Jusqu’ici les 3 films que j’ai retenus s’intéressaient aux concours d’éloquence, les suivants s’en éloignent.
Le Discours d'un Roi
L’Histoire
Cette fois ci l’éloquence apparait non par les concours d’éloquence mais par le travail de la voix.
Cet excellent film, récompensé entre autres de 4 oscars dont celui du meilleur film, nous raconte l’histoire de Georges VI, roi d’Angleterre porté sur le trône après l’abdication de son frère Edouard VIII.
Dans la Grande-Bretagne des années 30, qui voit s’approcher la question de l’opposition à l’Allemagne nazie et l’entrée en guerre, ce nouveau roi sait que son bégaiement constitue une faiblesse.
Sur les conseils de son épouse il va faire appel à Lionel Logue pour surmonter cette difficulté. L’orthophoniste australien va faire travailler le monarque en ayant recours à des exercices totalement inhabituels qui le déstabiliseront.
Le film se termine sur un discours qui a fait l’histoire de l’Angleterre mais aussi de notre civilisation : le discours d’entrée en guerre du Royaume-Uni face à l’Allemagne.
L’Intérêt
Cette histoire est romancée mais la réalité n’est pas si éloignée de la fiction.
Ainsi on compte 2 principales différences :
- Tout d’abord George VI a commencé à travailler avec Lionel 10 ans avant son accession au trône.
- Ensuite la relation entre les 2 hommes n’était pas aussi familière que le film le décrit.
Mais finalement ces différences importent peu et elles peuvent s’expliquer par la question du temps scénaristique et de la simplification du scénario.
Le vrai grand intérêt de ce film, c’est de mettre le doigt sur une question qui concerne énormément de personnes mais n’est pourtant que rarement abordée à l’écran : le bégaiement.
Et lorsque la question est abordée, c’est rarement de la bonne manière.
Pourtant les personnes bègues, comme toute autre personne, ont des choses intéressantes à dire et doivent être écoutées.
Les personnes bègues ne sont pas des personnes qui ne veulent pas parler ou qui ne veulent pas être écoutées. La peur de parler de certaines personnes bègues vient du regard et de la critique des autres face à un trouble qui affecte la fluidité du discours, non sa structure et la pertinence de son contenu.
Pour finir donc, merci à ce grand film d’avoir su montrer l’importance d’écouter les personnes bègues et de ne pas les reléguer au silence.
Ridicule
L’Histoire
Ce film réalisé par Patrice Leconte en 1996 a reçu 4 César dont celui du meilleur film et a été nommé à l’Oscar du meilleur film étranger.
Le film décrit la cour de Louis XVI, ses salons et ses antichambres à travers le regard de Grégoire Ponceludon de Malavoy, un noble de Province monté à Versailles dans l’intention d’obtenir le financement de travaux pour nettoyer les marais de ses terres qui déciment les populations.
D’abord moqué, il se fera peu à peu une place grâce à l’une de ses plus grandes qualités : son verbe et son esprit. Dans une cour qui fuit le ridicule et qui glorifie les bons mots, il va chercher à se rapprocher du roi pour présenter le projet, ne pouvant compter que sur sa capacité à maitriser la langue et les saillies.
L’Intérêt
ce film est servi par une myriade d’acteurs brillants : Charles Berling, Fanny Ardant, Judith Godrèche, Bernard Giraudeau et surtout, Jean Rochefort !
Ensuite ce film met en avant l’importance d’un bon usage des mots et du travail de la culture, tout en décrivant les limites d’une éloquence qui ne chercherait que la beauté sans viser de dessein plus grand.
Il est bien sûr agréable de savoir créer de belles phrases, de faire de jolis mots.
Mais si la poésie de vos discours ne sert d’autre but que votre propre glorification et le rabaissement des autres alors mieux vaut vous taire.
La parole est un art noble qui doit servir des objectifs qui nous dépassent.
Enfin l’un des autres intérêts dans ce film, c’est l’histoire parallèle qui suit un personnage secondaire : un valet sourd et muet.
A cette même époque de la glorification des mots, on pensait que les sourds et muets étaient des handicapés mentaux.
Ce personnage permet de présenter l’abbé de l’Epée qui a créé la première langue des signes françaises, la première école proposant un enseignement spécialisé dispensé aux sourds et permis de défendre les droits des sourds et malentendants auprès des élites de son époque.
Ainsi s’achève cette présentation de film, j’espère qu’elle vous a donné envie de voir ces films et pourquoi pas de vous en inspirer.
Et n’oubliez pas les 3 éléments clés pour développer une parole impactante et convaincante :
ETUDIER, OBSERVER, PRATIQUER
Salutation cher ami, et à la prochaine !