TOP 5 – Les livres de l\’Antiquité pour travailler l\’art oratoire

La littérature relative à l’éloquence et à l’art oratoire est prolifique.

En plus des ouvrages dédiés, certains livres constituent de véritables atouts pour la prise de parole sans pour autant y être explicitement consacrés.

Ainsi chaque année, des dizaines de manuels sont publiés, et ce depuis l’Antiquité.

Alors comment faire le tri parmi cette pléthore de publications ?

Il serait impossible de limiter la littérature consacrée à l’art oratoire à 5 ou 10 livres. L’idéal est en fait de fonctionner par thème ou par époque.

Voici donc 5 ouvrages de l’Antiquité qui sont selon moi plus que conseillés pour aborder la question de la prise de parole et acquérir les clés d’un discours maitrisé et convaincant.

Vous trouverez également quelques bonus en fin d’article.

Rhétorique et Topiques, Aristote, ~4e siècle av. JC

Nous commençons cette liste par un manquement à la règle en ne citant pas un mais 2 ouvrages. Ils sont cependant suffisamment associés pour pouvoir être considérés comme un seul ouvrage en 2 tomes.

L\’auteur

Est-il encore nécessaire de le présenter ?

Aristote (384 av JC – 322 av JC), est un philosophe grec considéré comme l’un des penseurs les plus influents que le monde occidental ait connu.

Disciple de Platon, il s’est intéressé à toutes les sciences de son époque et a nourri le savoir et la réflexion de ceux qui l’ont suivi grâce à la multitude de ses ouvrages.

Bien que nombre de ses textes ait disparu, on lui attribut la rédaction de plus de 150 ouvrages dans des domaines aussi variés que la logique, la politique, la morale, la physique ou encore la zoologie.

En matière de rhétorique, il est le premier à la concevoir comme une science autonome et séparée de la philosophie et fonde plusieurs grandes théories encore appliquées aujourd’hui.

L\’ouvrage

Ces textes sont en réalité complémentaires.

Ils font tous les 2 partie d’un ensemble de traités appelé « l’Organon » qui vise à enseigner la bonne manière de mener une réflexion juste.

Le premier, Rhétorique, est divisé en trois livres qui viennent poser toutes les bases et les éléments à considérer pour prendre la parole.

Après avoir défini la rhétorique et son fonctionnement général dans le livre 1, il s’intéresse dans le livre 2 à la psychologie des auditeurs et notamment à l’utilisation du pathos (j’en parle ici).

Enfin le livre 3 s’intéresse au style de l’orateur : la diction, le vocabulaire, le recours aux figures de style, etc.

Ces 3 livres en font un ouvrage très complet pour qui veut écrire un discours de qualité.

Dans les Topiques, Aristote prolonge sa réflexion en s’intéressant cette fois-ci à la dialectique.

Il y définit les règles de la discussion et étudie l’ensemble des syllogismes dont les prémisses sont probables (en clair, il encourage à fonder les discussions et leurs raisonnements sur des opinions acceptées).

Il y établit également des stratégies correspondant aux différentes situations dans lesquels l’interlocuteur peut nous placer, en nous indiquant comment l’emporter sur l’adversaire.

Ces 2 ouvrages sont l’une des bases essentielles de ce qui constituera pendant des siècles et jusqu’à nos jours le corpus de l’étude de la parole.

La petite truc sympa à retenir :

C’est dans cet ouvrage qu’Aristote institue les 3 tons du discours : logos, pathos et ethos.

\"Aristote

Rhétorique à Herennius, Auteur inconnu, ~1er siècle av. JC

L\’Auteur

Encore une entorse à la règle, cette fois-ci l’auteur est inconnu !

La manuscrit original ayant disparu et aucun texte de confiance ne faisant référence à son auteur, nous ne sommes pas en mesure de connaitre l’identité réelle de l’auteur de ce texte.

Souvent attribué à Cicéron en raison des analogies entre ce texte et les autres textes de Cicéron sur la rhétorique, Quintilien l’attribue quant à lui à Quintus Cornificius et aucun auteur reconnu de cette époque ne l’attribue au grand rhéteur.

En conclusion, un ouvrage de référence aux références inconnues !

L\’Ouvrage

La rhétorique à Hérennius est une lettre écrite par un prescripteur à son élève.

L’ouvrage se compose de 4 livres.

Le premier évoque les trois genres et les 5 étapes de l’art oratoire puis étudie dans le détail le schéma du discours.

Le livre 2 est centré sur le genre judiciaire et les différentes questions qui s’y rapportent (fait, droit et judiciaire)

Le livre 3 revient sur les genres délibératif et démonstratif. Il y creuse notamment les éléments qui permettent de travailler l’Invention dans ces 2 genres : les preuves, les sources de louange et de blâme. Il s’y intéresse également à la Disposition et à la manière de mettre en œuvre la Mémoire.

Le Quatrième et dernier livre vient lui traiter de l’Elocution, du style et des figures de style.

Ces 4 livres et les sujets qu’ils évoquent font de cet ouvrage relativement court un excellent moyen de comprendre tous les éléments de la rhétorique et du discours.

Le petit truc sympa en plus :

L’ouvrage seul (sans les analyses ou version latines qui l’accompagnent souvent) fait à peine plus d’une centaine de pages.

De quoi satisfaire les lecteurs moins assidus.

\"Rhétorique

Institution Oratoire, Quintilien, 92 ap. JC

L\’Auteur

Quintilien (35-96), est un célèbre rhéteur et avocat romain du 1er siècle après Jésus-Christ.

Mais il est surtout un pédagogue très reconnu dont l’œuvre a traversé les siècles pour arriver jusque nous.

Lorsque Vespasien décide de promouvoir l’enseignement public, Quintilien devient le premier professeur officiellement rémunéré par l’administration romaine grâce à son école de la rhétorique qui deviendra la plus réputée de son époque.

Après vingt années d’enseignement, il se retire de la vie publique et rédige en deux ans son ouvrage majeur : De Institutione Oratoria. L’ouvrage parait un an avant sa mort en 96.

L\’Ouvrage

De Institutione Oratoria se compose de 12 livres qui nous sont intégralement parvenus.

Difficile donc de résumer cette œuvre majeure et imposante.

Pourtant on peut en retenir les grandes lignes avant d’explorer le livre.

En très bref, Quintilien y décrit l’orateur parfait, qui maitrise tous les savoirs nécessaires à la prise de parole.

Tout d’abord il nous indique que la formation de l’orateur commence dès son enfance : il doit être formé à la langue, à la rhétorique, aux savoirs généraux, et les faire siens pour pouvoir les utiliser.

Puis dans les chapitres suivants, l’auteur nous instruit concrètement sur les éléments de la rhétorique : les étapes de l’art oratoire, les genres, les parties du discours, …

Il s’intéresse dans les livres 5 et 6 au logos et au pathos avant de revenir dans les livres 7 à 9 au raisonnement et aux figures de styles qui composent le discours.

Le Livre 10 explique comment travailler et développer ses qualités oratoires avant que le Livre 11 ne décrive pourquoi et comment travailler la mémoire et la prononciation.

Enfin, le livre 12 décrit les vertus que doit suivre l’orateur. Il s’agit là plus de morale que de technique mais les questions de la vision de l’art oratoire, de son utilité et de son but devraient selon moi être posées par tout orateur, d’où l’importance de ce chapitre.

Le petit truc sympa à retenir :

Frédéric II, roi de Prusse de 1740 à 1786, disait de lui : « Pour la rhétorique, qu’on s’en tienne à Quintilien. Quiconque, en l’étudiant, ne parvient pas à l’éloquence, n’y parviendra jamais. »

\"Quintilien

L\’art de la guerre, Sun Tzu, ~5e siècle av. JC

L\’Auteur

Après un auteur connu, nous nous intéressons à un auteur pour 4 histoires !

En effet un mystère plane sur la vie réelle de l’auteur de cet ouvrage majeur.

On s’accorde généralement sur un Sun Tzu général chinois du 6e siècle avant notre ère.

Pourtant certaines théories estiment que Sun Tzu ne serait qu’un mythe, qu’il serait en réalité le guerrier Wu Zixu ou encore qu’il s’agirait d’un autre stratège chinois, Sun Bin.

Quelle que soit la théorie juste, nous ne disposons pas de suffisamment d’éléments sur sa vie pour nous y attarder.

L\’Ouvrage

L’art de la guerre, contrairement aux ouvrages précédemment cités, ne traite pas directement d’art oratoire.

Il s’agit d’un manuel militaire écrit bien avant eux et énonçant des règles de stratégie au combat.

Ces stratégies sont tellement brillantes qu’elles ont inspiré la plupart des grands généraux dans les siècles qui ont suivi.

Mais l’intérêt de cet ouvrage ne réside pas seulement dans la qualité militaire de ce qui y est décrit.

En élargissant le sens des propositions de Sun Tzu, on retrouve les éléments constitutifs de toute stratégie : marketing, politique, communication, etc.

Ainsi elles peuvent également s’appliquer à la stratégie de rédaction des discours ou encore à la construction d’un « plan de bataille » en préparation d’une négociation ou d’un débat.

La lecture de Sun Tzu devrait selon moi être une obligatoire au lycée mais comme ça n’est pas le cas et si vous ne l’avez pas lu, foncez !

Le petit exemple de pensée de Sun Tzu adaptée à l\’art oratoire :

Il écrit « Les guerriers victorieux gagnent puis partent à la guerre, là où les défaits partent à la guerre puis chercher à la gagner ». C’est toute la question du discours selon moi : partez gagnant à un débat en préparant vos questions, vos sujets, vos stratégies en amont. Si vous êtes bons en impro tant mieux, la préparation ne pourra que vous aider à être meilleur et à assurer la victoire de vos idées !

\"Sun

Les Catilinaires, Cicéron, 63 av. JC

L\’Auteur

On en parlé un peu plus haut comme éventuel auteur de la rhétorique à Hérennius mais comment évoquer la rhétorique antique sans s’arrêter sur Cicéron ?!

Cicéron (106 av JC – 43 av JC) est un rhéteur, homme politique et écrivain romain. Il est notamment reconnu Pater Patriae et Imperator, 2 des plus grandes distinctions romaines. Il est également reconnu par ses pairs et par la postérité comme le plus grand orateur de son époque.

SI j’évoque ici les Catilinaires, vous seriez bien inspirés de vous intéresser également à ses traités de rhétorique, au nombre de 7, en commençant par De Oratore et De Inventione.

L\’Ouvrage

Cicéron, en tant qu’homme politique et avocat, a prononcé de très nombreux discours dont les qualités sont reconnues de tous.

Malheureusement tous ces discours n’ont pas été retranscrits et tous ceux qui l’ont été ne sont pas parvenus jusqu’à nous.

Mais parmi les discours de Cicéron qui nous sont parvenus, les Catalinaires semblent être les plus remarquables.

Il s’agit d’une série de 4 discours prononcés par le rhéteur en 63 avant Jésus-Christ pour contrer Catilina et sa conspiration contre Rome.

Bien sûr il ne s’agit pas d’un cours ou d’un traité.

Mais la lecture des grands discours et des grands textes de notre Histoire ne peut que servir notre pratique de la parole.

Cicéron développe dans ces textes de véritables stratégies rhétorique comme ce que l’on appelle aujourd’hui la « question rhétorique » ou encore la stratégie visant à se blâmer soi-même pour dédouaner les autres du choix qu’ils doivent faire (en l’espèce, les sénateurs dont il espère obtenir une sanction digne des méfaits de Catilina).

Le petit extrait sympa en plus qui instaure le principe de la question rhétorique :

« Jusqu’à quand, enfin, Catilina, abuseras-tu de notre patience ? Pendant combien de temps encore cette détestable folie qui est la tienne se jouera-t-elle de nous ? Jusqu’où ton audace effrénée se lancera-t-elle ? Rien, ni les troupes qui occupent, la nuit, le Palatin, ni les rondes à travers la ville, ni ce rassemblement de tous les honnêtes citoyens, ni le choix de ce lieu, le plus sûr de tous, pour la convocation du Sénat, ni l’air ni l’expression de tous ceux qui sont ici, non, rien n’a pu te déconcerter ? Ne comprends-tu pas que tes projets sont découverts, ne vois-tu pas que ta conspiration, connue de tous, est déjà maîtrisée ? Ce que tu as fait la nuit dernière, et aussi la nuit précédente, où tu as été, qui tu as convoqué, ce que tu as résolu, crois-tu qu’un seul d’entre nous l’ignore ? »

\"\"

Je n’ai pu citer ici que 5 ouvrages parmi la multitude que nous offre l’Antiquité mais aussi parmi tous ceux que nous offrent les siècles qui l’ont suivi.

On aurait ainsi pu prendre d’autres exemples tels que l’Illiade ou la Bible, les Pensées de Marc-Aurèle ou le Gorgias de Platon.

Mais il ne tient qu’à vous d’aller plus loin dans votre lecture et votre travail de l’art oratoire.

Et si cette masse de littérature vous effraie, n’oubliez que les formateurs professionnels sont aussi là pour vous accompagner et vous rendre accessibles tous ces savoirs !

C’est notamment le cas d’Aguere, qui propose des formations adaptées à vos besoins si vous souhaitez devenir le nouveau Cicéron ou mettre en place des stratégies de prise de parole à la Sun Tzu !

Alors n’hésitez pas à demander un rendez-vous, le premier gratuit ainsi que la mise en place d’un diagnostic. 


Prendre rendez-vous pour un diagnostic gratuit

Retour en haut