Piliers de la rhétorique 2/3 – C\’est quoi le Pathos ?
Dans Rhétorique, Aristote constitue un ouvrage majeur sur l’art de convaincre, sans doute même l’un des plus importants.
Il insiste notamment sur l’idée que la persuasion s’appuie sur l’emploi de preuves qui sont de trois types :
- Ethos
- Logos
- Pathos
Maitriser ces 3 types de preuve, c’est s’assurer de pouvoir toucher n’importe quel auditoire.
Il est donc essentiel de bien les comprendre et d’apprendre à les utiliser.
Le Pathos, c\’est quoi ?
Le mot Pathos vient du grec ancien qui signifie \ »passion\ » et \ »souffrance\ ».
Il s\’agit de l\’argument qui fait appel à l\’émotion.
En clair, on cherche à convaincre l\’auditoire grâce aux sentiments, en inspirant chez lui un émoi qui servira notre position.
Le but du pathos est d\’émouvoir.
Que comprend le pathos ?
Le pathos va recouvrir 3 dimensions :
- Une dimension socio-discursive : émotion partagée par plusieurs individus
- Une dimension interactive : émotion communiquée entre orateur et auditoire
- Une dimension dynamique : émotion construite au moyen du langage
Ainsi on va y inclure à la fois le fait d’invoquer une émotion par le fond et par la forme.
De plus, dans le livre II de sa Rhétorique, Aristote liste l’ensemble des passions, positives et négatives, qui peuvent être activées par l’orateur :
- Colère / Calme
- Amour / Haine
- Crainte
- Honte / Fierté
De ces grandes passions découlent d’autres passions comme le mépris,
Il précise également que chaque passion doit être considérée selon trois points de vue :
- L’état d’esprit qu’elle suppose
- Les personnes sur qui elle s’exerce
- Les motifs qui l’inspirent
Comment déployer le pathos ?
L’invocation des émotions passe par deux éléments : le fond et la forme.
Sur le fond d’abord, on va pouvoir faire appel dans la construction de son discours à des sentiments positifs (pitié, amour, fierté, etc) ou négatifs (notamment le triptyque des Siths : peur, colère, haine).
Exemple positif : En donnant à cette association vous pourrez être fiers d’avoir sauvé un enfant.
Exemple négatif : Si vous ne votez pas cette loi, vous ouvrirez la porte au chaos !
Sur la forme, le pathos doit également être déployé. Ce sont toutes les images que l’on va réussir à placer dans l’esprit de l’auditeur et qui vont lui inspirer un sentiment général.
Dans De Institutione Oratoria, Quintilien recommande également de concentrer le pathos dans l’exorde initial et dans la péroraison finale. Cependant cette disposition ne fait pas l\’unanimité et d\’autres orateurs estiment au contraire qu\’il doit être distillé tout au long du discours.
Enfin, Cicéron insiste sur l’idée que l’orateur doit lui-même incarner l’émotion qu’il souhaite inspirer au public. A défaut, son discours perdra en authenticité et semblera faux.
Le pathos, bon ou mauvais ?
Depuis le XVIIIe siècle, on a assigné au terme pathos une connotation négative. Le pathos serait devenu l’outil des orateurs de mauvaise qualité cherchant en vain à créer un débordement émotionnel sans sincérité.
Ainsi le pathos comme registre rhétorique aurait été supplanté par un pathos reconnu comme un simple abus ou une mauvaise utilisation du pathos originel.
On pourrait également croire que le recours à des arguments passionnels risque de mener à de mauvais choix.
C’est en réalité l’inverse : une décision qui exclurait les aspects passionnels serait forcément dénuée d’Humanité. Il faut penser en humain, c’est-à-dire en considération de nos passions, et donc convaincre en humain.
Bien entendu le pathos ne doit pas être le seul pilier à être activé et un bon discours fera appel aux 3. J’ai d’ailleurs déjà évoqué le logos et reviendrai bientôt sur l’ethos. Pour être sûr de ne pas le rater, vous pouvez vous abonner à ma page Facebook ou me rejoindre sur LinkedIn.
Avant de vous offrir un exercice gratuit, sachez que vous pouvez nous contacter si vous avez des questions sur ce sujet en laissant un commentaire. Si vous souhaitez aller plus loin, n\’hésitez pas également à aller consulter nos services et à prendre rendez-vous pour un entretien diagnostic. Ils sont totalement gratuits !
Prendre rendez-vous pour un diagnostic gratuit
Exercice Pratique
Pour activer un savoir, rien ne vaut la pratique !
Et puisque nous avons déjà travaillé sur le logos, profitons-en pour revenir dessus.
Je vais vous présenter 10 propositions de débat (de toute sorte). En choisissant la position que vous préférez, tachez de trouver 10 arguments : 5 dans le registre du pathos, 5 dans le registre du logos.
Et si vous voulez aller encore plus loin, refaites l’exercice mais en choisissant cette fois-ci la position inverse à la vôtre. Il est toujours intéressant d’apprendre à défendre des opinions qui ne sont pas les nôtres.
- Faut-il lutter contre les anglicismes ?
- Le travail est-il nécessaire au bonheur ?
- La légitime défense doit-elle être renforcée ?
- Faut-il privilégier la liberté à la sécurité ?
- Le gouvernement doit-il protéger les lanceurs d’alerte ?
- La liberté d’expression doit-elle être encadrée ?
- Pour ou contre les réseaux sociaux ?
- L’art moderne est-il de l’art ?
- Les loups sont-ils entrés dans Paris ?
- La beauté est-elle objective ?